Le présent article a été initialement publié en avril 2023 sous la forme d’un document d’orientation de KPA Advisory Services Ltd et a été reproduit avec la permission de Keith Ambachtsheer, l’auteur. Une version de ce document a été publiée dans le Globe and Mail.
Dans un monde vieillissant, la conception et la gestion du système de revenu de retraite d’un pays deviennent des facteurs stratégiques de plus en plus importants de sa performance sociale et économique future. L’indice mondial Mercer sur les systèmes de régimes de retraite classe celui du Canada au 11e rang sur 44 pays, devant de nombreux États, mais derrière les pays nordiques, les Pays-Bas, l’Australie et le Royaume-Uni. Quelles mesures devrons-nous prendre pour que le Canada rattrape ou même surpasse ces chefs de file en matière de qualité du système de régime de retraite? Le présent document d’orientation montre que, même si la réponse à cette question est évidente, il faudra un leadership extraordinaire pour y arriver. Il aborde à la fois les questions « Que devons-nous faire? » et « Comment devons-nous le faire? ». Bien que je sois son seul auteur, il se fonde sur les commentaires et les recommandations d’experts formulés dans le cadre de versions antérieures.
Le modèle canadien des caisses de retraite
La réponse à la question « Que devons-nous faire? » n’est pas de modifier les composantes universelles que sont les prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV), du Régime de pensions du Canada (RPC) et du Régime de rentes du Québec (RRQ) du système de revenu de retraite canadien. Il s’agit plutôt de tirer parti du fait que le Canada possède déjà l’un des meilleurs systèmes de régime de retraite professionnel au monde pour les travailleurs du secteur public. Connu mondialement, le modèle canadien des caisses de retraite convertit efficacement les cotisations régulières en sources de revenu de retraite à vie pour les membres du secteur public1. Parallèlement, les organismes de placement du modèle canadien des caisses de retraite sont à l’avant-garde de la conversion de l’épargne-retraite en capital durable et productif de richesse. Ils jouent ce rôle non seulement en tant que propriétaires de titres cotés en bourse, mais aussi en tant que participants actifs sur les marchés des placements privés, de l’immobilier et des infrastructures de partout dans le monde.
Le modèle canadien des caisses de retraite est né du livre intitulé The Unseen Revolution, publié en 1976 par le grand philosophe de gestion Peter Drucker. Il prévoyait que la jeune et gigantesque génération de « baby-boomers » des années 70 finirait par devenir une gigantesque génération de retraités et a préconisé la création de caisses de retraite dotées de deux caractéristiques clés : la légitimité et l’efficacité. Dix ans plus tard, le trésorier de l’Ontario Robert Nixon formait le groupe de travail Rowan, chargé de trouver une meilleure façon de gérer les régimes de retraite du secteur public de la province. Un an plus tard, le groupe de travail déposait un rapport intitulé In Whose Interest?. Le document recommandait de restructurer les caisses de retraite du secteur public afin qu’elles puissent réussir des tests tangibles de « légitimité » et d’« efficacité », comme le proposait Drucker en 19762.
Robert Nixon et Margaret Wilson, présidente de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, ont décidé ensemble de mettre en œuvre les recommandations du rapport, ce qui a mené à la Loi sur le régime de retraite des enseignants de 1990.
Trois personnes ont joué un rôle clé dans la transformation des principes de la Loi en pratiques exemplaires au sein du nouveau Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario : le premier président du conseil d’administration Gerald Bouey (gouverneur à la retraite de la Banque du Canada), le premier chef de la direction Claude Lamoureux (cadre supérieur d’une compagnie d’assurance) et le premier chef des placements Bob Bertram (cadre supérieur dans le secteur du financement d’entreprises). Ensemble, ils ont donné vie au modèle canadien des caisses de retraite, qui témoigne de l’ingéniosité, de la collaboration et du leadership canadiens. À mesure que les réussites du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario sont devenues de plus en plus comprises et soulignées, il était logique que d’autres caisses de retraite du secteur public canadien adoptent son modèle3.
Un article publié à la une en 2012 dans The Economist et intitulé Maple Revolutionaries a louangé le modèle canadien des caisses de retraite en soulignant qu’il avait « attiré l’attention de Wall Street, qui le considère comme un rival, et des investisseurs institutionnels, qui aspirent à faire comme lui »4.
Élargissement du modèle canadien des caisses de retraite au secteur privé
Revenons maintenant à la question « Quelles mesures devrons-nous prendre pour faire du Canada l’un des meilleurs pays où prendre sa retraite? ». La réponse devrait maintenant être évidente : mettre le modèle canadien des caisses de retraite à la disposition des travailleurs et des retraités du secteur privé canadien.
Certains chiffres sont instructifs ici. En 2021, le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario a versé 6,9 milliards de dollars en prestations de retraite à 151 000 enseignants retraités. C’est environ 46 000 $ par retraité. Combien d’argent un travailleur du secteur privé devrait-il accumuler pour générer une pension annuelle de 46 000 $? Si nous utilisons le taux de retrait minimal de 4 % de l’Agence de revenu du Canada (ARC) pour les fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR), la réponse est une épargne-retraite de 1,15 million de dollars. Et pourtant, Statistique Canada signale qu’en 2019, les deux tiers des ménages canadiens qui approchaient de la retraite détenaient une épargne-retraite enregistrée dans des comptes personnels, le solde médian étant d’environ 100 000 $. En plus de n’avoir que le dixième d’une épargne-retraite type qu’un régime de retraite du secteur public procure à un retraité, les travailleurs du secteur privé ont deux autres problèmes : 1) il existe une vaste fourchette de valeurs en ce qui concerne une épargne-retraite « type », de nombreux travailleurs ayant peu d’épargne-retraite à l’âge de 60 ans; et 2) en l’absence d’une assurance longévité, il existe un risque considérable que les retraités épuisent leur épargne-retraite.
Qu’en est-il de l’écart de rendement entre les fonds d’épargne-retraite du modèle canadien des caisses de retraite et ceux du secteur privé? Les données empiriques confirment que les rendements nets des premiers sont supérieurs en moyenne de 2,5 % par année à ceux des seconds, ce qui représente une différence marquée. Selon la distinction établie par Drucker entre la « légitimité » et l’« efficacité », environ 1,5 % du rendement annuel est attribuable à l’effet de la « légitimité » (qui est en grande partie lié à la baisse des coûts de mise en œuvre du modèle canadien des caisses de retraite par rapport aux frais des fonds communs de placement des particuliers canadiens), et 1 % à l’effet « efficacité » (ce qui découle principalement de la production de rendements nets diversifiés plus élevés sur les marchés des placements privés, de l’immobilier et des infrastructures au moyen de l’internalisation)5. Pour évaluer l’impact d’un rendement supplémentaire de 2,5 % à long terme sur l’épargne-retraite, voici un calcul simple : 1 $ procurant un rendement annuel composé de 1 % pendant 20 ans équivaut à 1,22 $, 0,22 $ provenant du rendement des placements. Si le rendement composé est de 3,5 %, la somme augmente considérablement à 2 $, 1 $ provenant du rendement des placements.
Ces comparaisons soutiennent fortement l’élargissement du modèle canadien des caisses de retraite au secteur privé. Si cela s’était produit il y a 30 ans, la plupart des retraités du secteur privé au Canada recevraient aujourd’hui des prestations beaucoup plus élevées. Toutefois, même s’il est trop tard à cet égard, le transfert de leur épargne-retraite dans la structure actuelle du modèle garantirait tout de même que cette épargne serait gérée efficacement à faible coût et continuerait de verser un revenu de retraite du vivant du retraité. En ce qui concerne les travailleurs canadiens du secteur privé d’aujourd’hui, non seulement pourraient-ils compter sur leur revenu de retraite pendant aussi longtemps qu’à l’heure actuelle, mais ils pourraient aussi raisonnablement s’attendre à ce que leurs prestations de retraite soient beaucoup plus élevées qu’elles ne le sont maintenant.
Deux composantes clés du modèle canadien des caisses de retraite
En parler, c’est une chose. Le faire, c’en est une autre. Comment l’élargissement proposé du modèle au secteur privé pourrait-il se produire? La première chose à faire est de comprendre les principales composantes du modèle canadien des caisses de retraite qui doivent être créées et regroupées sous les thèmes « légitimité » et « efficacité » de Drucker. La dimension « légitimité » n’est pas compliquée : le régime de retraite doit être structuré de façon à toujours agir dans l’intérêt de ses porteurs de risque. Cette ligne directrice devrait être explicitement énoncée dans le cadre juridique du régime et se refléter dans la composition de son organisme de surveillance. Le fait que le premier président du conseil d’administration d’un organisme du modèle canadien des caisses de retraite ait été un ancien gouverneur très respecté de la Banque du Canada revêt une signification considérable.
Mettre en œuvre le thème de l’« efficacité » est un peu plus compliqué. Au fil du temps, nous avons appris que les régimes de retraite traditionnels à prestations déterminées (PD) et à cotisations déterminées (CD) sont problématiques. Ces deux modèles traditionnels tentent d’atteindre deux objectifs politiques clés au moyen d’un seul instrument, ce qui va à l’encontre de la règle de Tinbergen selon laquelle le nombre d’objectifs politiques doit être égal au nombre d’instruments conçus pour les atteindre. Les deux objectifs de ces régimes de retraite sont les suivants : 1) l’abordabilité; et 2) l’assurance de prestations à vie. Les deux instruments logiques pour atteindre ces deux objectifs sont les suivants : 1) un instrument de production de rendement pour atteindre l’objectif 1; et 2) un instrument de prestation de revenu à vie pour atteindre l’objectif 26. Les participants au régime commencent par investir la totalité de leur épargne-retraite dans le fonds de production de rendement, puis, à l’approche de la retraite, transfèrent leur épargne dans le fonds de prestation de revenu à vie7. Les autres dimensions de l’« efficacité » qui nécessitent une attention particulière sont les économies d’échelle, l’expertise en placement, l’expertise en administration des prestations et en communication, ainsi que l’élaboration et l’exécution des stratégies8.
Trois voies de mise en œuvre possibles
La dernière question est « Comment ce modèle canadien des caisses de retraite serait-il adopté par le secteur privé? ». Il existe trois voies de mise en œuvre possibles, qui pourraient être empruntées simultanément pour accélérer la transition :
Voie no 1 : Les organismes du modèle canadien des caisses de retraite offrent leur infrastructure de gestion des régimes de retraite aux employeurs du secteur privé : cette option est déjà mise en œuvre avec succès par le Colleges of Applied Arts and Technology (CAAT) Pension Plan. L’un des principaux défis consiste à concevoir et à gérer un régime muni de composantes distinctes d’accumulation et de versement de prestations de retraite à vie.
Voie no 2 : Une entité gouvernementale décide de créer un organisme utilisant le modèle canadien des caisses de retraite pour les travailleurs et les retraités du secteur privé : L’Ontario a envisagé de lancer un régime de revenu de retraite supplémentaire, mais a abandonné l’idée lorsque la hausse des prestations du RPC a été approuvée en 20169. Et il est question aujourd’hui en Alberta de laisser tomber le RPC pour lancer un nouveau régime de retraite provincial. Les Albertains seraient beaucoup mieux servis par la création d’un régime de revenu de retraite supplémentaire provincial, qui offrirait aux travailleurs du secteur privé de la province des prestations de retraite supplémentaires par rapport à celles versées par la SV et le RPC10. Des initiatives similaires avec inscription automatique ont été lancées avec succès dans un nombre croissant d’États américains ainsi qu’au Royaume-Uni.
Voie no 3 : Les fournisseurs de services financiers du secteur privé créent un ou plusieurs nouveaux régimes selon le modèle canadien des caisses de retraite : Les organisations Common Wealth et Purpose Investments ont lancé des services et des options de placement conformes aux principes du modèle canadien des caisses de retraite. La structure du marché canadien des employeurs du secteur privé, qui compte 1,2 million d’employeurs, est un facteur important à prendre en compte dans cette voie de mise en œuvre. Encore une fois, d’autres organisations de services financiers ayant une expertise dans la conception et la gestion de régimes distincts d’accumulation et de prestations de retraite à vie pourraient se joindre à l’initiative11.
Les efforts de ces premiers leaders novateurs devraient être applaudis et soutenus par les gouvernements et leurs organismes de réglementation. Il a fallu un leadership extraordinaire pour la conception et la mise en œuvre du modèle canadien des caisses de retraite il y a une trentaine d’années. Ce n’est pas moins le cas aujourd’hui si les travailleurs du secteur privé du Canada souhaitent devenir bénéficiaires de son pouvoir de produire des prestations de retraite adéquates à un coût raisonnable. Il reste encore beaucoup à faire pour que le Canada devienne l’un des meilleurs pays où prendre sa retraite.
Mettons-nous au travail!
Notes de bas de page :
- Les processus de conversion des cotisations en prestations de retraite dans les régimes à PD du secteur public canadien peuvent poser problème s’il n’est pas clair comment les risques de placement et de mortalité intégrés au régime sont assumés. Par exemple, si l’employeur garantit entièrement les prestations de retraite futures, mais qu’il finance le régime en supposant que les actifs du régime produiront une prime de risque, les futurs contribuables risquent d’avoir à combler tout manque à gagner sans avoir donné leur consentement.
- Ambachtsheer a été conseiller au sein du groupe de travail Rowan de 1986, dont le rapport « In Whose Interest? » a mené à la création du modèle canadien des caisses de retraite, qui jouit d’une renommée mondiale.
- Voir les articles de M. Ambachtsheer dans le Journal of Portfolio Management (2021) et le Harvard Law School Forum on Corporate Governance (2022) pour des explications plus détaillées sur la naissance et l’évolution du modèle canadien des caisses de retraite. Ils s’intitulent respectivement The Canadian Pension Model: Past, Present, and Future et How Peter Drucker Revolutionized Canada’s Public Sector Pensions System: Lessons for Americans. Pour obtenir un point de vue américain sur le modèle canadien des caisses de retraite, voir Lipshitz et Walter, Seeking Sustainability in American Public Sector Pension Systems dans le Journal of Portfolio Management, 2020. Enfin, la plus vaste étude jusqu’à présent sur le rendement supérieur des placements du modèle canadien des caisses de retraite a été menée par Beath, Betermier, Flynn et Spehner, The Canadian Pension Fund Model : A Quantitative Portrait, Journal of Portfolio Management. 2021.
- The Economist. Maple Revolutionaries, 3 mars 2012.
- Pour des preuves détaillées, voir les articles cités à la note trois ci-dessus.
- Fait important, les employeurs ne sont pas tenus de porter les risques de ces fonds de prestations à vie. Voir la note vii ci-dessous. Dans le budget fédéral de 2019, ces fonds communs sont appelés rentes viagères à paiements variables.
- Pour découvrir en avance ces idées évolutives en matière de conception de régimes de retraite, lisez mon article de 2014 de la Dutch Royal Economics Society intitulé Taking the Dutch Pension System to the Next Level et, plus récemment, ma lettre de décembre 2022 intitulée Pension Plan Design and Management in the 21st Century : Why and How We Need to Change the Conversation about Pension Reform. Lisez aussi MacDonald, Sanders, Strachan et Frazer (2021), Affordable Lifetime Pension Income for a Better Tomorrow, National Institute on Ageing et Global Risk Institute.
- Une fois de plus, pour obtenir des preuves détaillées, consultez les articles cités à la note trois ci-dessus.
- L’augmentation des prestations du RPC/RRQ, qui passent de 25 % des revenus admissibles à 33 %, est échelonnée sur sept ans.
- Pour en savoir plus à ce sujet, consultez le document d’orientation 2020 de KPA intitulé The Alberta Pension Plan Proposal : What’s In It for the People of Alberta?.
- Par exemple, BlackRock a lancé le produit LifePath Paycheck aux États-Unis qui comporte des composantes distinctes d’accumulation du capital et de prestation de revenu à vie.
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This article was originally published as a KPA Advisory Services Ltd Policy Paper in April 2023 and has been reproduced with permission from Keith Ambachtsheer, the author. A version of this paper ran as an opinion piece in the Globe and Mail.
In an ageing world, the design and management of a country’s retirement income system is becoming an increasingly important strategic determinant of its future social and economic performance. The Mercer CFA Institute Global Pension Index ranks Canada’s system #11 out of 44 countries, ahead of many countries, but behind the Nordic countries, Netherlands, Australia, and the UK. What will it take for Canada to catch up with, or even surpass these top countries in pension system quality? This Policy Paper shows that while the answer to this question is obvious, it will take extraordinary leadership efforts to get us from here to there. The Paper addresses both the ‘what must we do?’ and ‘how do we do it?’ questions. While I am its sole author, the Paper has benefited greatly from expert comments and suggestions on earlier versions.
The Canadian Pension Fund Model
The ‘what must we do?’ answer does not involve changing the universal OAS/CPP/QPP benefit components of Canada’s retirement income system. Instead, it follows from Canada already having one of the best occupational pension systems in the world for public sector workers. Globally admired as ‘The Canadian Pension Fund Model’, it efficiently converts regular contributions into lifetime retirement income streams for its public sector members.1 At the same time, Canadian Pension Fund Model investment organizations are at the leading edge of converting retirement savings into sustainable, wealth-producing capital. They not only play this role as owners of publicly-traded securities, but also as active participants in private equity, real estate, and infrastructure markets around the world.
The Canadian Pension Fund Model originated from the great management philosopher Peter Drucker’s 1976 book “The Unseen Revolution”. He foresaw the young, outsized ‘boomer’ generation of the 1970s eventually becoming an outsized generation of retirees. He advocated creating pension organizations with two key features: ‘Legitimacy’ and ‘Effectiveness’. Ten years later, Ontario Treasurer Robert Nixon launched his Rowan Task Force, tasked with finding a better way to manage Ontario’s public sector pension plans. A year later, the Task Force tabled its Report “In Whose Interest?”. It recommended restructuring public sector pension organizations so that they could pass tangible ‘legitimacy’ and ‘effectiveness’ tests, as Drucker had advocated in 19762.
Together, Robert Nixon and Ontario Teachers’ Federation President Margaret Wilson decided to actually implement the Report’s recommendations, leading to the Teachers’ Pension Act of 1990.
Three people were key in turning the Act’s good principles into good practices at the new Ontario Teachers’ Pension Plan: first Board Chair Gerald Bouey (retired Governor of The Bank of Canada), first CEO Claude Lamoureux (a senior insurance company executive), and first Chief Investment Officer Bob Bertram (a senior corporate finance executive). Together, they brought the Canadian Pension Fund Model to life, reflecting Canadian ingenuity, leadership, and collaboration at its best. As OTPP’s successes became increasingly understood and acknowledged, it was only logical for other Canadian public sector pension organizations to adopt the OTPP model.3
A 2012 lead article in The Economist publication titled “Maple Revolutionaries” lauded the Canadian Pension Fund Model as “having won the attention of Wall Street, which considers them rivals, and of institutional investors, which aspire to be like them”.4
Expanding the Canadian Pension Fund Model to the Private Sector
Now back to the question ‘what will it take to make Canada one of the world’s top pensions countries?’. The answer should now be obvious: make the Canadian Pension Fund Model available to Canada’s private sector workers and retirees.
Some numbers are instructive here. In 2021, OTPP paid $6.9 billion in retirement benefits to 151,000 retired teachers. That works out to about $46,000 per retiree. How much capital would a private sector worker have to accumulate to generate a $46,000 annual pension? Using the CRA’s minimum withdrawal rate on RRIFs of 4%, the answer is a retirement savings pool of $1.15 million. In contrast, Statistics Canada reports that in 2019 two-thirds of Canadian households nearing retirement held registered savings in individual accounts, with a median balance of about $100,000. In addition to it being a tenth the size of a typical public sector plan reserve for a retiree, there are two other problems for private sector workers: 1. There is a large pool value range around ‘typical’, with many workers having minimal retirement savings as they enter their 60s, and 2. Without longevity insurance, there is considerable risk that retirees will outlive the retirement savings they do have.
What about the difference in investment performance between Canada Pension Fund Model retirement savings pools and private sector retirement savings pools? Empirical evidence confirms the net returns on the former have on average been a materially 2.5%/year higher than those on the latter. Using the Drucker distinction between ‘legitimacy’ and ‘effectiveness’, about 1.5%/year is due to the ‘legitimacy’ effect (which largely relates to lower Canada Pension Fund Model implementation costs compared to Canadian retail mutual fund fees) and 1%/year is due to the ‘effectiveness’ effect (which largely relates to generating higher diversified net returns in private equity, real estate, and infrastructure markets through insourcing).5 To appreciate the power of earning an additional 2.5% long-term return on retirement savings, consider this simple calculation: $1 earning a 1% annual return for 20 years compounds to $1.22, with $0.22 coming from investment returns. At a 3.5% return it compounds to a materially higher $2.00, with $1.00 coming from investment returns.
These comparisons provide strong support for expanding the Canadian Pension Fund Model to the private sector. If that had happened 30 years ago, most of Canada’s private sector retirees would be receiving materially higher pensions today. However, while it is too late for that, shifting their accumulated retirement savings to the Canadian Pension Fund Model structure now, would still ensure that those savings would be managed effectively at low cost, and continue to pay retirement income as long as the retiree is alive. As for today’s private sector working Canadians, not only could they count on their retirement income lasting as long as they do, but they could also reasonably expect that those pension payments will be materially larger than is currently the case.
Two Key Canadian Pension Fund Model Components
Saying is one thing, doing another. How could this proposed expansion of the Canadian Pension Fund Model into the private sector actually occur? The first thing is to understand the key components of the Canadian Pension Fund Model that must be created and assembled under the Drucker dictums of ‘legitimacy’ and ‘effectiveness’. The ‘legitimacy’ dimension is not complicated: The pension plan must be structured to always act in the best interests of the plan risk bearers. This should be explicitly stated in the legal framing of the plan, and should be reflected in the composition of the plan’s oversight body. There is considerable symbolism in the fact that the first Board Chair of a Canadian Pension Fund Model organization was a highly respected former Bank of Canada Governor.
Consideration of the ‘effectiveness’ dictum is a little more complicated. With the passage of time we have learned that both the traditional ‘defined benefit’ (DB) and ‘defined contribution’ (DC) pension plan designs are problematical. Both traditional designs are trying to achieve two key policy goals with one instrument, breaking the Tinbergen Rule that the number of policy goals should be matched by the same number of instruments designed to achieve them. Two pension plan goals are: 1. Affordability, and 2. Payment-for-life assurance. The two logical instruments to achieve these two goals are: 1. A Return Generation Instrument to achieve Goal #1, and 2. A Payment-For-Life Instrument to achieve Goal #2.6 Plan members start out with all of their retirement savings going into the return generation pool, with their assets transitioning to the lifetime payment pool as they approach retirement.7 Other ‘effectiveness’ dimensions requiring attention are scale economies, investment expertise, benefit administration/communication expertise, and strategy development and execution.8
Three Possible Paths to Implementation
A final question: how is this Canadian Pension Fund Model transition to the private sector going to happen? There are three possible paths, all of which could be brought into play to accelerate the transition:
Path #1: Existing Canadian Pension Fund Model Organizations offer their pension management infrastructure to private sector employers: this option is already being successfully implemented by the Colleges of Applied Arts and Technology (CAAT) Pension organization. A key challenge is to design and manage a plan offering with separate accumulation and lifetime pension payment components.
Path #2: A Government entity decides to create a Canadian Pension Fund Model Organization for private sector workers and retirees: Ontario considered starting an Ontario Supplementary Pension Plan, but dropped the idea when the increase in CPP benefits was agreed to in 2016.9 There is discussion today in Alberta to leave the CPP and start up a new APP. Albertans would be far better served by the creation of an Alberta Supplementary Pension Plan which would provide Alberta private sector workers with pension benefits additional to those provided by OAS and CPP.10 Similar initiatives with autoenrollment have been successfully launched in a growing number of US States, as well as in the UK.
Path#3: Private Sector Financial Services Providers create one or more new Canadian Pension Fund Model offerings: The Common Wealth and Purpose Investments organizations have both launched services and investment options consistent with the principles of the Canadian Pension Fund Model. An important delivery consideration here is the structure of the 1.2 million Canadian private sector employer market, out of which only 3,000 have over 500 employees. Again, other financial services organizations with expertise in designing and managing separate accumulation and lifetime pension payment offerings could join in.11
The efforts of these early innovative leaders should be applauded, as well as supported by governments and their regulatory agencies. Exceptional leadership efforts were critical to designing and implementing the Canadian Pension Fund Model some 30 years ago. It is no less the case today if Canada’s private sector workers are to become beneficiaries of its power to generate adequate pensions at a reasonable cost. Much work still lies ahead to make Canada one of the world’s top pensions countries.
Let’s get on with it!
Endnotes:
The contributions-to-pension benefits conversion processes in Canadian public sector DB plans can be problematic if it is not clear how the imbedded investment and mortality risks in the plan are borne. For example, if the employer fully guarantees future pension benefits but funds the plan on the assumption that plan assets will earn a risk premium, future taxpayers are placed at risk to make up any shortfall without their
Ambachtsheer was an advisor to the 1986 Rowan Taskforce, whose Report “In Whose Interest?” led to the creation of the globally-admired Canadian Pension Fund Model.
See Mr. Ambachtsheer’s articles in the Journal of Portfolio Management (2021) and the Harvard Law School Forum on Corporate Governance (2022) for more detailed expositions of the birth and evolution of the Canadian Pension Model. Respectively, they are titled “The Canadian Pension Model: Past, Present, and Future”, and “How Peter Drucker Revolutionized Canada’s Public Sector Pensions System: Lessons for Americans”. For an American view of the Canadian Pension Model, see Lipshitz and Walter, (2020) “Seeking Sustainability in American Public Sector Pension Systems”, Journal of Portfolio Management. Finally, the most extensive study documenting the superior investment performance of the Canadian Pension Model thus far was conducted by Beath, Betermier, Flynn, and Spehner (2021) “The Canadian Pension Fund Model: A Quantitative Portrait”, Journal of Portfolio Management.
The “Maple Revolutionaries”, March 3, 2012.
For detailed evidence, see the cited articles in Endnote three.
Importantly, employers do not have to be the risk underwriters of these payment-for-life pools. See Endnote vii below. The 2019 Federal Budget called these pools Variable Payment Life Annuities (VPLAs).
For an early exposition of these evolving pension design ideas see my 2014 paper written for the Dutch Royal Economics Society “Taking the Dutch Pension System to the Next Level”, and more recently, my December 2022 Letter “Pension Plan Design and Management in the 21st Century: Why and How We Need to Change the Conversation about Pension Reform”. Also see MacDonald, Sanders, Strachan, and Frazer (2021) “Affordable Lifetime Pension Income for a Better Tomorrow”, National Institute on Ageing and the Global Risk
Once again, for detailed evidence, see the articles cited in Endnote three.
The increase in CPP/QPP benefits from 25% of eligible earnings to 33% is being phased in over a seven-year
See the 2020 KPA Policy Paper titled “The Alberta Pension Plan Proposal: What’s In It for the People of Alberta?” for more on this.
For example, BlackRock has launched a LifePath Paycheck offering in the USA which has separate capital accumulation and lifetime income components.
About the Author
Keith Ambachtsheer
Guest Contributor, CPP Investments Insights Institute
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Le présent article a été initialement publié en avril 2023 sous la forme d’un document d’orientation de KPA Advisory Services Ltd et a été reproduit avec la permission de Keith Ambachtsheer, l’auteur. Une version de ce document a été publiée dans le Globe and Mail.
Dans un monde vieillissant, la conception et la gestion du système de revenu de retraite d’un pays deviennent des facteurs stratégiques de plus en plus importants de sa performance sociale et économique future. L’indice mondial Mercer sur les systèmes de régimes de retraite classe celui du Canada au 11e rang sur 44 pays, devant de nombreux États, mais derrière les pays nordiques, les Pays-Bas, l’Australie et le Royaume-Uni. Quelles mesures devrons-nous prendre pour que le Canada rattrape ou même surpasse ces chefs de file en matière de qualité du système de régime de retraite? Le présent document d’orientation montre que, même si la réponse à cette question est évidente, il faudra un leadership extraordinaire pour y arriver. Il aborde à la fois les questions « Que devons-nous faire? » et « Comment devons-nous le faire? ». Bien que je sois son seul auteur, il se fonde sur les commentaires et les recommandations d’experts formulés dans le cadre de versions antérieures.
Le modèle canadien des caisses de retraite
La réponse à la question « Que devons-nous faire? » n’est pas de modifier les composantes universelles que sont les prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV), du Régime de pensions du Canada (RPC) et du Régime de rentes du Québec (RRQ) du système de revenu de retraite canadien. Il s’agit plutôt de tirer parti du fait que le Canada possède déjà l’un des meilleurs systèmes de régime de retraite professionnel au monde pour les travailleurs du secteur public. Connu mondialement, le modèle canadien des caisses de retraite convertit efficacement les cotisations régulières en sources de revenu de retraite à vie pour les membres du secteur public1. Parallèlement, les organismes de placement du modèle canadien des caisses de retraite sont à l’avant-garde de la conversion de l’épargne-retraite en capital durable et productif de richesse. Ils jouent ce rôle non seulement en tant que propriétaires de titres cotés en bourse, mais aussi en tant que participants actifs sur les marchés des placements privés, de l’immobilier et des infrastructures de partout dans le monde.
Le modèle canadien des caisses de retraite est né du livre intitulé The Unseen Revolution, publié en 1976 par le grand philosophe de gestion Peter Drucker. Il prévoyait que la jeune et gigantesque génération de « baby-boomers » des années 70 finirait par devenir une gigantesque génération de retraités et a préconisé la création de caisses de retraite dotées de deux caractéristiques clés : la légitimité et l’efficacité. Dix ans plus tard, le trésorier de l’Ontario Robert Nixon formait le groupe de travail Rowan, chargé de trouver une meilleure façon de gérer les régimes de retraite du secteur public de la province. Un an plus tard, le groupe de travail déposait un rapport intitulé In Whose Interest?. Le document recommandait de restructurer les caisses de retraite du secteur public afin qu’elles puissent réussir des tests tangibles de « légitimité » et d’« efficacité », comme le proposait Drucker en 19762.
Robert Nixon et Margaret Wilson, présidente de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, ont décidé ensemble de mettre en œuvre les recommandations du rapport, ce qui a mené à la Loi sur le régime de retraite des enseignants de 1990.
Trois personnes ont joué un rôle clé dans la transformation des principes de la Loi en pratiques exemplaires au sein du nouveau Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario : le premier président du conseil d’administration Gerald Bouey (gouverneur à la retraite de la Banque du Canada), le premier chef de la direction Claude Lamoureux (cadre supérieur d’une compagnie d’assurance) et le premier chef des placements Bob Bertram (cadre supérieur dans le secteur du financement d’entreprises). Ensemble, ils ont donné vie au modèle canadien des caisses de retraite, qui témoigne de l’ingéniosité, de la collaboration et du leadership canadiens. À mesure que les réussites du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario sont devenues de plus en plus comprises et soulignées, il était logique que d’autres caisses de retraite du secteur public canadien adoptent son modèle3.
Un article publié à la une en 2012 dans The Economist et intitulé Maple Revolutionaries a louangé le modèle canadien des caisses de retraite en soulignant qu’il avait « attiré l’attention de Wall Street, qui le considère comme un rival, et des investisseurs institutionnels, qui aspirent à faire comme lui »4.
Élargissement du modèle canadien des caisses de retraite au secteur privé
Revenons maintenant à la question « Quelles mesures devrons-nous prendre pour faire du Canada l’un des meilleurs pays où prendre sa retraite? ». La réponse devrait maintenant être évidente : mettre le modèle canadien des caisses de retraite à la disposition des travailleurs et des retraités du secteur privé canadien.
Certains chiffres sont instructifs ici. En 2021, le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario a versé 6,9 milliards de dollars en prestations de retraite à 151 000 enseignants retraités. C’est environ 46 000 $ par retraité. Combien d’argent un travailleur du secteur privé devrait-il accumuler pour générer une pension annuelle de 46 000 $? Si nous utilisons le taux de retrait minimal de 4 % de l’Agence de revenu du Canada (ARC) pour les fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR), la réponse est une épargne-retraite de 1,15 million de dollars. Et pourtant, Statistique Canada signale qu’en 2019, les deux tiers des ménages canadiens qui approchaient de la retraite détenaient une épargne-retraite enregistrée dans des comptes personnels, le solde médian étant d’environ 100 000 $. En plus de n’avoir que le dixième d’une épargne-retraite type qu’un régime de retraite du secteur public procure à un retraité, les travailleurs du secteur privé ont deux autres problèmes : 1) il existe une vaste fourchette de valeurs en ce qui concerne une épargne-retraite « type », de nombreux travailleurs ayant peu d’épargne-retraite à l’âge de 60 ans; et 2) en l’absence d’une assurance longévité, il existe un risque considérable que les retraités épuisent leur épargne-retraite.
Qu’en est-il de l’écart de rendement entre les fonds d’épargne-retraite du modèle canadien des caisses de retraite et ceux du secteur privé? Les données empiriques confirment que les rendements nets des premiers sont supérieurs en moyenne de 2,5 % par année à ceux des seconds, ce qui représente une différence marquée. Selon la distinction établie par Drucker entre la « légitimité » et l’« efficacité », environ 1,5 % du rendement annuel est attribuable à l’effet de la « légitimité » (qui est en grande partie lié à la baisse des coûts de mise en œuvre du modèle canadien des caisses de retraite par rapport aux frais des fonds communs de placement des particuliers canadiens), et 1 % à l’effet « efficacité » (ce qui découle principalement de la production de rendements nets diversifiés plus élevés sur les marchés des placements privés, de l’immobilier et des infrastructures au moyen de l’internalisation)5. Pour évaluer l’impact d’un rendement supplémentaire de 2,5 % à long terme sur l’épargne-retraite, voici un calcul simple : 1 $ procurant un rendement annuel composé de 1 % pendant 20 ans équivaut à 1,22 $, 0,22 $ provenant du rendement des placements. Si le rendement composé est de 3,5 %, la somme augmente considérablement à 2 $, 1 $ provenant du rendement des placements.
Ces comparaisons soutiennent fortement l’élargissement du modèle canadien des caisses de retraite au secteur privé. Si cela s’était produit il y a 30 ans, la plupart des retraités du secteur privé au Canada recevraient aujourd’hui des prestations beaucoup plus élevées. Toutefois, même s’il est trop tard à cet égard, le transfert de leur épargne-retraite dans la structure actuelle du modèle garantirait tout de même que cette épargne serait gérée efficacement à faible coût et continuerait de verser un revenu de retraite du vivant du retraité. En ce qui concerne les travailleurs canadiens du secteur privé d’aujourd’hui, non seulement pourraient-ils compter sur leur revenu de retraite pendant aussi longtemps qu’à l’heure actuelle, mais ils pourraient aussi raisonnablement s’attendre à ce que leurs prestations de retraite soient beaucoup plus élevées qu’elles ne le sont maintenant.
Deux composantes clés du modèle canadien des caisses de retraite
En parler, c’est une chose. Le faire, c’en est une autre. Comment l’élargissement proposé du modèle au secteur privé pourrait-il se produire? La première chose à faire est de comprendre les principales composantes du modèle canadien des caisses de retraite qui doivent être créées et regroupées sous les thèmes « légitimité » et « efficacité » de Drucker. La dimension « légitimité » n’est pas compliquée : le régime de retraite doit être structuré de façon à toujours agir dans l’intérêt de ses porteurs de risque. Cette ligne directrice devrait être explicitement énoncée dans le cadre juridique du régime et se refléter dans la composition de son organisme de surveillance. Le fait que le premier président du conseil d’administration d’un organisme du modèle canadien des caisses de retraite ait été un ancien gouverneur très respecté de la Banque du Canada revêt une signification considérable.
Mettre en œuvre le thème de l’« efficacité » est un peu plus compliqué. Au fil du temps, nous avons appris que les régimes de retraite traditionnels à prestations déterminées (PD) et à cotisations déterminées (CD) sont problématiques. Ces deux modèles traditionnels tentent d’atteindre deux objectifs politiques clés au moyen d’un seul instrument, ce qui va à l’encontre de la règle de Tinbergen selon laquelle le nombre d’objectifs politiques doit être égal au nombre d’instruments conçus pour les atteindre. Les deux objectifs de ces régimes de retraite sont les suivants : 1) l’abordabilité; et 2) l’assurance de prestations à vie. Les deux instruments logiques pour atteindre ces deux objectifs sont les suivants : 1) un instrument de production de rendement pour atteindre l’objectif 1; et 2) un instrument de prestation de revenu à vie pour atteindre l’objectif 26. Les participants au régime commencent par investir la totalité de leur épargne-retraite dans le fonds de production de rendement, puis, à l’approche de la retraite, transfèrent leur épargne dans le fonds de prestation de revenu à vie7. Les autres dimensions de l’« efficacité » qui nécessitent une attention particulière sont les économies d’échelle, l’expertise en placement, l’expertise en administration des prestations et en communication, ainsi que l’élaboration et l’exécution des stratégies8.
Trois voies de mise en œuvre possibles
La dernière question est « Comment ce modèle canadien des caisses de retraite serait-il adopté par le secteur privé? ». Il existe trois voies de mise en œuvre possibles, qui pourraient être empruntées simultanément pour accélérer la transition :
Voie no 1 : Les organismes du modèle canadien des caisses de retraite offrent leur infrastructure de gestion des régimes de retraite aux employeurs du secteur privé : cette option est déjà mise en œuvre avec succès par le Colleges of Applied Arts and Technology (CAAT) Pension Plan. L’un des principaux défis consiste à concevoir et à gérer un régime muni de composantes distinctes d’accumulation et de versement de prestations de retraite à vie.
Voie no 2 : Une entité gouvernementale décide de créer un organisme utilisant le modèle canadien des caisses de retraite pour les travailleurs et les retraités du secteur privé : L’Ontario a envisagé de lancer un régime de revenu de retraite supplémentaire, mais a abandonné l’idée lorsque la hausse des prestations du RPC a été approuvée en 20169. Et il est question aujourd’hui en Alberta de laisser tomber le RPC pour lancer un nouveau régime de retraite provincial. Les Albertains seraient beaucoup mieux servis par la création d’un régime de revenu de retraite supplémentaire provincial, qui offrirait aux travailleurs du secteur privé de la province des prestations de retraite supplémentaires par rapport à celles versées par la SV et le RPC10. Des initiatives similaires avec inscription automatique ont été lancées avec succès dans un nombre croissant d’États américains ainsi qu’au Royaume-Uni.
Voie no 3 : Les fournisseurs de services financiers du secteur privé créent un ou plusieurs nouveaux régimes selon le modèle canadien des caisses de retraite : Les organisations Common Wealth et Purpose Investments ont lancé des services et des options de placement conformes aux principes du modèle canadien des caisses de retraite. La structure du marché canadien des employeurs du secteur privé, qui compte 1,2 million d’employeurs, est un facteur important à prendre en compte dans cette voie de mise en œuvre. Encore une fois, d’autres organisations de services financiers ayant une expertise dans la conception et la gestion de régimes distincts d’accumulation et de prestations de retraite à vie pourraient se joindre à l’initiative11.
Les efforts de ces premiers leaders novateurs devraient être applaudis et soutenus par les gouvernements et leurs organismes de réglementation. Il a fallu un leadership extraordinaire pour la conception et la mise en œuvre du modèle canadien des caisses de retraite il y a une trentaine d’années. Ce n’est pas moins le cas aujourd’hui si les travailleurs du secteur privé du Canada souhaitent devenir bénéficiaires de son pouvoir de produire des prestations de retraite adéquates à un coût raisonnable. Il reste encore beaucoup à faire pour que le Canada devienne l’un des meilleurs pays où prendre sa retraite.
Mettons-nous au travail!
Notes de bas de page :
Les processus de conversion des cotisations en prestations de retraite dans les régimes à PD du secteur public canadien peuvent poser problème s’il n’est pas clair comment les risques de placement et de mortalité intégrés au régime sont assumés. Par exemple, si l’employeur garantit entièrement les prestations de retraite futures, mais qu’il finance le régime en supposant que les actifs du régime produiront une prime de risque, les futurs contribuables risquent d’avoir à combler tout manque à gagner sans avoir donné leur consentement.
Ambachtsheer a été conseiller au sein du groupe de travail Rowan de 1986, dont le rapport « In Whose Interest? » a mené à la création du modèle canadien des caisses de retraite, qui jouit d’une renommée mondiale.
Voir les articles de M. Ambachtsheer dans le Journal of Portfolio Management (2021) et le Harvard Law School Forum on Corporate Governance (2022) pour des explications plus détaillées sur la naissance et l’évolution du modèle canadien des caisses de retraite. Ils s’intitulent respectivement The Canadian Pension Model: Past, Present, and Future et How Peter Drucker Revolutionized Canada’s Public Sector Pensions System: Lessons for Americans. Pour obtenir un point de vue américain sur le modèle canadien des caisses de retraite, voir Lipshitz et Walter, Seeking Sustainability in American Public Sector Pension Systems dans le Journal of Portfolio Management, 2020. Enfin, la plus vaste étude jusqu’à présent sur le rendement supérieur des placements du modèle canadien des caisses de retraite a été menée par Beath, Betermier, Flynn et Spehner, The Canadian Pension Fund Model : A Quantitative Portrait, Journal of Portfolio Management. 2021.
The Economist. Maple Revolutionaries, 3 mars 2012.
Pour des preuves détaillées, voir les articles cités à la note trois ci-dessus.
Fait important, les employeurs ne sont pas tenus de porter les risques de ces fonds de prestations à vie. Voir la note vii ci-dessous. Dans le budget fédéral de 2019, ces fonds communs sont appelés rentes viagères à paiements variables.
Pour découvrir en avance ces idées évolutives en matière de conception de régimes de retraite, lisez mon article de 2014 de la Dutch Royal Economics Society intitulé Taking the Dutch Pension System to the Next Level et, plus récemment, ma lettre de décembre 2022 intitulée Pension Plan Design and Management in the 21st Century : Why and How We Need to Change the Conversation about Pension Reform. Lisez aussi MacDonald, Sanders, Strachan et Frazer (2021), Affordable Lifetime Pension Income for a Better Tomorrow, National Institute on Ageing et Global Risk Institute.
Une fois de plus, pour obtenir des preuves détaillées, consultez les articles cités à la note trois ci-dessus.
L’augmentation des prestations du RPC/RRQ, qui passent de 25 % des revenus admissibles à 33 %, est échelonnée sur sept ans.
Pour en savoir plus à ce sujet, consultez le document d’orientation 2020 de KPA intitulé The Alberta Pension Plan Proposal : What’s In It for the People of Alberta?.
Par exemple, BlackRock a lancé le produit LifePath Paycheck aux États-Unis qui comporte des composantes distinctes d’accumulation du capital et de prestation de revenu à vie.
À propos de l’auteur
Keith Ambachtsheer
Guest Contributor, CPP Investments Insights Institute
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